Anecdotes Californiennes
Par Krist
Durant notre passage sur la côte Ouest, nous avons dû revoir quelques aspects de notre vie quotidienne.
Cela concernait en particulier les lieux de repos pour la nuit, les douches et les visites nocturnes.
En effet, parce que les campings étaient trop onéreux, nous leur avons préféré les bords d’Autoroute et bien évidemment les Rest Area.
Je me souviens de ce soir, au Nord de San Francisco.
La veille nous avions tenté de passer la nuit sur le parking des ferry que nous prenions pour nous mener à la mégapole en journée. Comme nous nous y attendions, la police est venue nous déloger vers 2h du matin. Nous nous sommes donc rabattus sur notre plan B qui était un autre parking, le long de l’autoroute, au pied du Golden Gate.
Le lendemain soir, nous tentions de trouver un endroit discret pour passer notre dernière nuit dans les environs de la ville. C’est à une station service, alors que je cherchais conseil auprès d’un jeune, qu’un dépanneur s’est immiscé dans la conversation et nous a proposé de nous conduire dans un lieu qui n’était jamais visité par la police et qui abritait d’autres sans-abris à moteur de notre genre.
Nous l’avons suivi sans trop savoir dans quoi nous nous embarquions, et à seulement quelques kilomètres, il nous fit découvrir un chantier en cours de construction, où plusieurs véhicules passaient la nuit. Certains y séjournaient même depuis 6 mois.
Le tout bien évidemment, le long de l’autoroute!
C’est ce soir-là, alors que la dernière douche n’était plus qu’un vague souvenir dans nos esprits, que nous avons vraiment eu la sensation de vivre une vie de bohème… pour ne pas dire de manouche!!
Au final, nous avons passé une nuit sans réveil nocturne.
S’en est suivi un paquet de nuits sur des Welcome Center, des Rest Area et d’autres parkings portuaires.
Concernant la fréquence des douches, elles étaient aussi rares que se faisaient les campings. Nous tournions donc en moyenne, à une douche par semaine. Idéal pour affirmer notre nouveau style de gens du voyage!
Parce que JB n’a pas de grands soucis à ce niveau-là, seules Marie et moi-même devions nous débrouiller pour nous laver les cheveux pendant la semaine. Nous avons donc aiguisé notre oeil pour repérer toute source d’eau, chaude ou froide, qui pouvait soulager nos crinières rebelles.
Je me les suis laver sur le fameux parking des ferry, dans un lavabo en plastique à côté de toilettes de chantier, en plein air. Le tout fonctionnait par un système de pompe qu’il fallait lancer grâce à une pédale que mon acolyte de cheveux gras pressait méthodiquement pour moi.
Nous nous sommes aussi lavées à une heure bien matinale, sous le petit filet d’eau gelée d’une douche de plage.
La cuvette qui nous sert de bac à vaisselle, nous a aussi bien aidée.
Malheureusement notre manque d’hygiène continuera tout le temps où nous visiterons des Parcs Nationaux.
À noter pour tous ceux qui souhaiteraient voyager aux US, il n’y a presque jamais de douches dans les Parcs Nationaux.
Pour en finir avec nos petites anecdotes Californiennes, je vais vous conter la partie faunique de l’histoire.
Je ne reviendrai pas sur nos soirées passées aux chants des coyotes, à force tu t’habitues de les savoir rôdant autour de ton campement. Ils nous suivent depuis le Nevada.
En Californie, il faut être prudent avec l’ours noir cambrioleur de voiture.
En effet, ces petits malins ont appris à tordre les portières de voiture, ce qui fini par briser la vitre et leur donne ainsi accès aux glacières oubliées sur le fauteuil arrière. S’ils sont capables d’ouvrir un véhicule, je ne vous surprendrai donc pas en vous disant qu’ils ouvrent les glacières aussi bien qu’un écureuil fait les yeux doux pour une frite.
Dans ce pays de la glacière que sont les US, cet ours noir vit des jours heureux!
Pour contrer ces attaques, des caisses en métal, véritable gardes manger fortifiés, sont installées sur chaque emplacement de camping. En fonction des parcs, les systèmes d’ouvertures changent, mais ils restent toujours beaucoup trop astucieux pour nos amis les ours.
Il est plus que conseiller de les utiliser et particulièrement en Californie. Une loi est d’ailleurs mise en place pour punir les personnes qui reçoivent la visite d’un ours dans leur véhicule parce qu’elles n’ont pas utilisé les boites mise à leur disposition partout dans les parcs.
Lorsque cela se produit, les rangers sont obligés d’abattre l’ours voleur parce qu’à force il finirait par ne plus craindre l’homme et pourrait devenir un danger pour le visiteur.
Le contexte étant installé, je peux maintenant vous raconter la nuit où, au Séquoia Park, Marie a reçu une visite alors qu’elle dormait dans sa tente.
C’est au beau milieu de cette nuit noire, dans la fraîcheur de l’ombre des séquoia géants, que Marie, alors blottie dans ses 3 duvets, cru entendre un cliquetis. A demi endormie, elle pensa que cela devait provenir des caisses métalliques, sans trop se demander pourquoi.
C’est alors que, juste au-dessus de sa tête, sa tente reçue comme une énorme gifle!!! Alors tout à fait réveillée, elle réussi à distinguer les pas d’un animal très lourd qui s’éloignait alors.
Tétanisée et ne réalisant pas très bien ce qui venait de se passer, elle resta sans bruit dans sa tente, en espérant que le visiteur ne revienne pas rôder autour de sa tente. Elle fini par entendre un autre cliquetis provenant de la boite métallique d’un autre campement. La bête à poil faisait tout simplement la tournée des gardes manger du camping.
Toute chamboulée par cet épisode, mais plus forte que jamais, elle décida de retenter l’expérience la nuit suivante, dans un petit parc situé au pied du Yosemite Park.
Étant tous un peu tendus par ce qui s’était produit, je sursautais lorsque j’entendis, au beau milieu de la nuit, gratter à la porte de Robert. Ce n’était finalement que notre téméraire de Marie qui avait entendu des bruits non identifiés autour de sa tente. Ni une ni deux, elle remballa ses 3 duvets et nous rejoignit dans la sécurité du camion.
Une fois installés, nous retournions tous au pays de Morphée lorsque tout un coup, un animal bien réel tentait de s’infiltrer par l’arrière du véhicule.
JB et moi avions nos têtes de ce côté, et en retirant les rideaux pour comprendre qui était le chef d’orchestre de cette attaque, nous découvrîmes un énorme raton-laveur, de la taille d’un chien, suspendu à l’échelle du camion.
Celui-ci était tout simplement en train de tenter une ascension du Robert!!
À notre vue, il prit peur et déguerpit à toute vitesse. Mais l’attraction devait être trop forte, puisque quelques heures plus tard il remit ça et arriva presque au sommet de l’échelle.
Toujours étrange de se retrouver face à face avec un raton laveur suspendu à une échelle en pleine nuit!
Après cette nuit-là, Marie passa les nuits suivantes, au chaud dans notre Robert.
Je crois qu’une nuit nous laisserons tourner notre caméra à l’extérieur du camion pour voir avec les yeux de Robert et découvrir toute la vie qui rôde autour de nous durant notre sommeil!