Burning Man
25 août au 2 septembre
Par Krist & JB
Km: 8400
Burning Man est un festival qui, depuis une vingtaine d’années, se déroule chaque fin août dans le désert de Black Rock, au Nevada. Plus de 60 000 personnes s’y rassemblent, créant ainsi, le temps d’une semaine, une gigantesque ville « Black Rock City », au mode de fonctionnement radicalement différent de celui de notre monde « normal ».
Les gens y cohabitent selon 10 principes:
1) l’inclusion solidaire radicale (radical inclusion)
2) la pratique du don désintéressé (gifting)
3) l’affranchissement des lois du marché (decommodification)
4) l’auto-suffisance radicale (radical self-reliance)
5) l’expression de soi radicale (radical self-expression)
6) l’effort en commun (communal effort)
7) la responsabilité civique (civic responsibility)
8) l’engagement de ne pas laisser de trace de son passage (leaving no trace)
9) la participation
10) le moment présent (immediacy)
Des anciens « burners » nous avaient avertis que de faire un premier Burning Man sans intégrer un camp déjà existant, était une folie et presque insurmontable. Notre sens de la contradiction de bon français nous a donc poussé à ne pas suivre ces recommandations et à plutôt monter notre propre camp d’ostie de Bretons!! (oui oui Marie et Clément, laissez vivre le breton qui est en vous)
On s’est donc préparé au mieux pendant plusieurs mois, pour ne rien manquer.
Une fois chargé notre fine équipe, nos vivres et nos costumes dans notre bon vieux Rob, nous étions fin prêt à affronter la première étape de notre pèlerinage, la route qui mène au Burning Man.
Parce que les portes n’ouvraient qu’à 18h et qu’il nous fallait au minimum 3h de route, nous avons quitté Reno vers 16h.
Le chemin en lui même est tout un pèlerinage.
Cela commença tout d’abord par toute sorte de véhicules nous doublant sur l’autoroute : un premier pick up chargé à se fendre de tout un attirail tout droit sorti d’un ferrailleur, puis une caravane bringuebalante, certainement plus âgée que notre Robert, recouverte de peintures vives sorties tout droit d’un autre monde. Après ce fût un défilé de véhicules surchargés portant tous l’emblème du Burning Man. Les remorques débordaient de tonneaux rouillés, de palettes et autres planches de bois, de poteaux d’aciers, de scaphandres, de tapis, de vélos bariolés, et même de canapés.
Au fil du chemin, ces chargements constitués de bric à brac farfelus ont fini par prendre des allures de véritables trésors.
Un fois sorti de l’autoroute, nous avons traversé la fameuse réserve de Pyramide Lake en direction du désert de Black Rock. C’est en quittant la ville de Nixon que les véhicules ont commencé à se tasser, au fur et à mesure des kilomètres, pour finir par former une gigantesque file de véhicules tous uniquement guidés par l’excitation d’une semaine unique à passer en communauté.
5000 véhicules nous précédaient. Ce défilé de festivaliers sur cette route perdue en pleine réserve indienne est un moment unique, chaque année.
La poussière du désert, des kilomètres d’une route encastrée entre les montagnes, les quelques amérindiens qui en profitent pour vendre de très bons Tacos Indiens et des bijoux sur le bord de la route, une marée de voitures et nous.
Et puis d’un coup, ce fût l’embouteillage, tout le monde était arrêté sur la highway, sortait des véhicules, jouait au foot… L’embouteillage le plus joyeux qu’on puisse imaginer. Un long accordéon de véhicules commença alors avant de nous laisser enfin atteindre les portes du Burning Man.
C’est à 21h que nous avons commencé à apercevoir les lumières du site. Aussi étincelantes qu’une ville sortie de la poussière.
2h plus tard nous approchions enfin des portes de la cité éphémère. En quittant le bitume de la route principale pour nous diriger vers une piste du désert, nos coeurs se sont emballés. Il n’y a pas vraiment de mot pour se représenter cette foule de voitures poussiéreuses qui se dirige dans la même direction, au rythme des sons électro de BMIR – Burning Man Information Radio. Comme une symbiose, un réel esprit de cohésion. Une harmonie de l’instant.
Une fois récupérés nos billets et passé les « gates » – les portes de l’entrée, nous avons eu droit au traditionnel comité d’accueil et comme c’était notre premier Burn, à une roulade dans la poussière, devant et derrière!! Quelques centaines de mètres plus loin, un second comité d’accueil, celui-ci en uniforme nous a ensuite prié de descendre du véhicule. Les rangers et les policiers circulent énormément sur le site du festival pour contrôler les excès de vitesse (5 MPH c’est peu) et à la recherche de drogues principalement. La raison officielle de notre interpellation était notre plaque d’immatriculation cachée par nos vélos et que la version carton sur les vélo n’était pas assez visible. Ils en ont donc profité pour fouiller Robert et le faire vérifier par un chien. Ils nous ont finalement laissé partir et nous avons repris notre découverte du site.
Robert a coupé son moteur à 2h du matin. La ville s’animait déjà. Les véhicules sillonnaient les allées à la recherche d’une place pour installer leur campement.
Notre adresse au Burning Man: Intergalatic entre 7h45 et 8h00. L’appel de la « playa » étant trop fort, nous sommes partis visiter les environs. C’est impossible à décrire avec de simples mots. Il faut imaginer un univers visuellement démentiel. Les structures sont grandioses, les véhicules mutants sont impressionnants de par leurs formes et lumières. De nuit, c’est un monde de lumières et de jeux, comme une immense cour de récréation, de jour, tout est blanc et seuls la poussière et le ciel bleu dominent les sculptures perdues sur la vaste pleine désertique. Une fois le décor installé, on y découvre sa population. Les gens sont d’une incroyable gentillesse. Il est impossible de croiser une personne sans s’échanger un sourire ou même une politesse. On est au centre d’une formidable activité collective ou chaque personne est indispensable. Un monde de partage et d’échange, on donne des bandeaux ou des savons en échange d’un service ou d’un bon moment.
Il n’y a plus de notion d’argent, on oublie les règles de notre vie laissée à la porte. Seul la liberté, l’amour et le respect domine. Un vrai slogan de hippie!!
Chacun est libre de s’accoutrer comme il le souhaite et même de se balader nu s’il le souhaite.
Notre campement était assez simple (une tente, celle d’Aurel et Suzy, et Robert). Récupération des eaux usées dans des bidons que l’on laisse s’évaporer au soleil, bâches aux sol et au-dessus de la tente, calfeutrage du camion en cas de tempête de sable et préparation des vélos, les premières heures ont servi à l’installation.
Raconter un Burning Man est impossible, car il y a tout un contexte assez propre à ce festival, mais quelques moments forts (parmi tant d’autres):
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Faire des kilomètres et des kilomètres à vélo dans le désert, arriver au limite de Black Rock City (une barrière), se retourner au milieu du désert, voir toutes les lumières de la ville, se retrouver dans une tempête de sable et soudain, voir émerger, loin de tout, un « Diner » Américain qui distribue d’excellents hot dog. S’arrêter manger puis repartir dans la tempête.
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Rencontrer et partager du temps et des bons moments avec ses voisins Suisses, Jérôme et Annie et apprendre à faire du Curry avec eux.
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Se retrouver dans un avion qui envoie des parachutistes au dessus du site.
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Manger des pizzas fraiches au feu de bois en écoutant du karaoké avec de vrais instruments.
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Passer tous les matins devant Bird Man, un vieil américain qui passe sa journée devant sa tente à faire des fuck à tous les passants.
C’est un festival qui vous change.
Mais il y a cependant des travers. Le festival coûte cher et demande énormément de préparatifs. En discutant on réalise que les gens sont plutôt aisés. Burning Man est un évènement créé et vivant grâce aux burners et les 10 principes de base, mais il y a toujours de nombreux participants qui ne suivent pas ces principes (sacs de déchets laissés sur l’emplacement, douches à même le sol, non partage des vélos communs…etc).
Ouh il est long le post… Afin de vérifier votre assiduité, nous vous proposons un jeu concours. Si vous répondez correctement à la question qui va suivre, nous vous offrirons une photo collector de Clément en « tutu »: Quel est l’âge de notre voisin Suisse, Jérôme?
L’exode (c’est ainsi qu’on nomme le départ du Burning Man) fut tout aussi épique que l’arrivée.
En direction de Reno puis de la Californie… Sales mais contents.